Le lien entre Psychotraumatismes et TCA
Les troubles du comportement alimentaire (TCA) ne sont pas seulement des désordres alimentaires. Derrière ces comportements, se cachent souvent des souffrances profondes liées à des traumatismes psychologiques passés. Comprendre le lien entre TCA et psychotrauma est essentiel pour offrir un accompagnement thérapeutique adapté.
Définition
Le psychotraumatisme est une réponse psychologique à un événement vécu comme profondément choquant ou menaçant pour l'intégrité physique ou émotionnelle. Il peut s’agir de violences physiques ou sexuelles, d’abus émotionnels, de négligences, ou d’événements perturbants comme des accidents ou des pertes soudaines. Chaque personne réagit différemment face à un événement traumatisant, mais pour certaines, cela peut laisser des cicatrices psychologiques profondes, affectant leur comportement, leur relation à elles-mêmes, et leur rapport aux autres.
Le lien entre TCA et Trauma

Les TCA comme mécanisme de coping face au trauma
Les troubles alimentaires peuvent être une tentative de gestion de l’anxiété et des émotions liées au trauma. Voici quelques mécanismes par lesquels un TCA peut émerger à la suite d’un psychotraumatisme :
Le contrôle :
Pour les personnes ayant vécu un traumatisme, la perte de contrôle est souvent un aspect central de leur souffrance. Le contrôle de l'alimentation ou du poids devient un moyen de compenser cette perte de maîtrise, en créant une illusion de pouvoir sur son corps.
L'anesthésie émotionnelle :
La restriction alimentaire ou les épisodes de boulimie peuvent servir à anesthésier les émotions douloureuses liées au trauma. La faim intense, les excès alimentaires, ou le besoin de vomir créent un état où les émotions liées au trauma sont temporairement mises de côté.
La dévalorisation de soi :
Les personnes ayant subi des abus ou des maltraitances peuvent développer un sentiment d’infériorité ou de dévalorisation. Ces pensées négatives peuvent renforcer les comportements destructeurs des TCA, tels que la privation ou l’auto-punition à travers la nourriture.
La réparation corporelle :
Dans le cas des abus sexuels, le corps peut être perçu comme une source de honte ou de trahison. Le TCA devient alors une façon de "réparer" ce corps perçu comme blessé, soit en cherchant à le transformer par la perte de poids, soit en essayant de le dissimuler par une prise de poids excessive.

La prise en soin diététique
Les personnes souffrant de TCA liés à un psychotrauma associent souvent la nourriture à des émotions négatives telles que la honte, la culpabilité ou le dégoût. L’objectif de l’accompagnement diététique est de rétablir une relation plus sereine et neutre avec l’alimentation. Le rôle du diététicien est d'aider le patient à identifier ces déclencheurs émotionnels et à travailler sur des stratégies pour apaiser ces réactions.
Nous explorerons ensemble tant les pensées, les émotions et les sensations provoqués par l'alimentation et votre lien à celle-ci.
Plusieurs études montrent que les personnes souffrant de TCA ont souvent vécu des expériences traumatisantes, en particulier dans l'enfance.
Ces expériences peuvent inclure :
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Abus sexuels ou physiques
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Violence émotionnelle ou négligence
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Environnements familiaux instables ou toxiques
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Accidents ou pertes soudaines d’un proche
Ces traumatismes, s’ils ne sont pas traités, peuvent entraîner des comportements d’adaptation dysfonctionnels, comme ceux observés dans les TCA. Les troubles alimentaires deviennent alors une façon inconsciente de faire face à la douleur, la peur ou le sentiment de perte de contrôle.
Établir une Relation de Confiance
La première étape dans l’accompagnement diététique est de créer une relation de confiance avec le patient. Pour une personne ayant vécu un psychotrauma, les relations interpersonnelles peuvent être teintées de méfiance ou de peur. Le diététicien doit donc adopter une attitude empathique, sans jugement, en s'assurant que le patient se sente en sécurité. Il est important de prendre le temps d'écouter le vécu du patient et de comprendre la signification émotionnelle de la nourriture pour lui ou elle.
Approche :
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Écoute active : S'intéresser aux difficultés du patient sans imposer un rythme trop rapide.
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Créer un espace sûr : Le patient doit se sentir libre d’exprimer ses émotions et ses craintes.
Une prise en soin pluriprofessionnelle
Ces pathologies sont à prendre au sérieux et mériteraient d'être pris en soin de manière pluridisciplinaire. De nombreux professionnels peuvent vous aider:
- un.e médecin généraliste qui aidera au contrôle des constantes, du bilan sanguin et préconisera des examens complémentaires si besoin
- un.e médecin psychiatre pour la mise en place d'un traitement en cas de difficulté anxieuse, dépressive et l'évaluation de comorbidité psychiatrique
- un.e psychologue. La thérapie, en particulier les approches spécialisées dans le traitement du traumatisme, comme l’EMDR (désensibilisation et retraitement par les mouvements oculaires) ou la thérapie cognitive et comportementale (TCC), joue un rôle clé dans le processus de guérison. Elles permettent de traiter les souvenirs traumatiques et de réintégrer des émotions bloquées de manière plus saine.
- un.e psychomotricien.ne qui peut aider au réinvestissement et à l'acceptation corporelle